Nouvelle vague de chroniques dédiée à des BD asiatiques !
Hongkong, cité déchue par Kwong-shing Lau (Rue de l’échiquier)
Synopsis : Pendant des jours, des semaines, des mois, ils ont défilé dans les rues, leur dignité pour seule armure face à la tyrannie. Chacune de leurs banderoles affichait le même mot d’ordre, désormais interdit par l’oppresseur : LIBÉREZ HONGKONG
« Je voudrais raconter l’histoire du peuple de Hong Kong à celles et ceux qui vivent encore dans la liberté et l’égalité et n’ont pas à affronter l’oppression du totalitarisme, avant qu’il ne soit trop tard. En plus de susciter un intérêt inquiet du monde pour Hong Kong, j’espère également que les personnes habituées à la liberté et à l’égalité seront ainsi prévenues et se mobiliseront pour la démocratie. » écrivait Kwong-shing Lau sur sa page Facebook le 25 juin 2020Cette BD utile à la société présente au public francophone une nation pas toujours très médiatisée : Hong Kong sous la direction de la Chine. A travers le récit de son auteur, on découvre la vérité derrière les manifestations de 2019 et les « suicides » qui en ont découlé (et qui sont sans surprise des meurtres déguisés par la police). Comment une nation qui était démocratique a basculé peu à peu dans le totalitarisme sous l’égide de la Chine ? Récit poignant, une découverte surprenante et touchante !
Un matin de ce printemps-là par Park Kun-woong (Rue de l’échiquier)
Synopsis : Huit hommes désignés comme des agents du nord servent de bouc émissaire. Tous sont innocents. Aucun n’y survivra. Près de cinquante ans après les faits, Park Kun-woong revient sur les rouages de cette condamnation arbitraire et rappelle ce qu’a été le sacrifice de ces huit hommes, en relatant par le menu l’itinéraire de chacun d’eux à travers le regard de leurs proches. Il poursuit ainsi son travail de longue haleine visant à exorciser les errements des gouvernements coréens depuis l’indépendance de 1945.
Comme la BD précédente, ici aussi on nous plonge dans un récit juridique historique au cœur de l’Asie, parfaitement inconnu en occident. Découpé en 8 chapitres, chacun d’eux va nous présenter l’histoire des hommes condamnés et de leurs familles qui sombrent dans la tristesse suite à la mise à mort par la justice. Extrêmement touchante et poignante, l’histoire nous permet de nous rendre compte de la chance que nous avons de vivre en France. La Corée du Sud de l’époque de cette histoire était très tendue et n’a pas hésité à expédier ce « procès ». Il aura fallu des dizaines d’années avant que la véritable justice soit donnée et que ceux-ci soient innocentés.
L’homme qui marche par Jirô Taniguchi (Casterman)
Synopsis : À l’heure où d’autres se laissent accaparer par les obligations et les tracasseries quotidiennes, happer par la course toujours plus effrénée des jours qui défilent, lui sait prendre le temps. Lui, c’est l’homme qui marche. Odes aux moments volés, aux détours parfois oisifs et aux plaisirs simples de la promenade, ses déambulations en apparence anodines sont autant d’invitations à laisser le spectacle du monde nous révéler nos paysages intérieurs.
Ce manga se lit à vitesse grand V, les textes sont rares et tout ou presque reposera sur le dessin de Taniguchi. Il est morcelé en micro-récits d’une dizaine de pages chacun qui nous emmènent dans son quartier. Aucune profondeur dans le récit, juste du contemplatif et donc une œuvre qui pourrait ne pas plaire à tout le monde. Pour ma part j’ai apprécié sa lecture mais difficile d’en retenir grand-chose à la fin. Notons cependant que le livre est très beau et superbement imprimé.
Le journal de mon père par Jirô Taniguchi (Casterman)
Synopsis : Le décès de son père contraint Yoichi Yamashita à retourner dans sa ville natale après de longues années. Lors d’une veillée funèbre arrosée, son enfance refait surface : cet après-midi de printemps passé à jouer sur le plancher du salon de coiffure de son père, l’incendie qui a ravagé la ville et sa maison familiale, le divorce de ses parents… Au fil des confidences et des souvenirs partagés par ses proches, Yoichi redécouvre celui qu’il a toujours vu comme un père absent et froid.
Dans ce manga, on se rend compte de l’importance de la famille et du temps qui passe et des regrets de ne pas avoir discuté de certaines choses. Définitivement un manga à offrir à son papa pour lui dire qu’on l’aime. Récit touchant, il offre aussi au lecteur une découverte du Japon du milieu du 20ème siècle.
Hellbound T1 par Sangho Yeon et Gyuseok Choi (Kbooks)
Synopsis : Des hommes censés être honnêtes reçoivent un message mystérieux leur annonçant qu’il leur reste peu de temps à vivre avant d’être conduits en Enfer. À l’heure dite, des créatures apparaissent, ne laissant que des corps calcinés derrière eux ! Qui tire les ficelles de ce théâtre macabre ?
Cette BD est la version imprimée d’un webtoon. Je n’ai pour ma part pas été giga emballé par le récit proposé. Les victimes de ces tueries mystérieuses et violentes ont semblerait-il toutes quelque chose à se reprocher et donc « Dieu » vient se charger de rendre la justice que les tribunaux n’ont pas réussi à donner. On va y rencontrer une bande de fanatiques d’un gourou qui indique que toutes ces tueries ne sont pas dû au hasard. Il faudra également compter sur une lutte entre la police et les médias qui ont chacun des intérêts à ce que cela se poursuive ou s’arrête. Certains d’entre eux sont d’ailleurs plus extrêmes. Malgré l’aspect épais du bouquin, il se lit facilement et rapidement (la magie des webtoons). Une adaptation Netflix existe mais je ne l’ai pas vue pour l’instant. Le bouquin s’adresse sans doute à une audience plus habituée au genre de la lecture sur téléphone.