Il y a quelques jours, je suis retourné au Sweet Paradise pour assister à la pièce de théâtre Plaidoirie d’une soumise mise en scène par la Compagnie Pénélope. Comme le titre de l’article devrait l’exprimer assez bien, ce show s’adresse évidemment à un public majeur. J’ai pu m’entretenir avec la comédienne, Solène Collin, qui interprète ce seule en scène et m’a invité à venir découvrir son univers dans l’antre du cabaret érotique parisien.
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Synopsis et teaser
La pièce est un procès : celui d’un homme accusé d’avoir commis les pires atrocités sur celle qu’il appelle sa soumise. Cette dernière ne se considère pas victime contrairement à ce que pense la société. Avocate, elle décide donc de revêtir sa robe pour le défendre à travers une plaidoirie vibrante.
Mon avis sur la pièce de théâtre Plaidoirie d’une soumise
Plaidoirie d’une soumise est basée sur une histoire vraie récente en France et non médiatisée. C’est celle d’une femme avocate qui n’a pas pu plaider pour son mari et qui a fini condamné. Elle, est soumise, lui, est dominant, mais aux yeux de la justice, elle était en danger alors que pourtant consentante.
Une fois le public assis, trois coups de bâton au sol retentissent pour nous rappeler que malgré le thème et la nudité qui nous attendent, nous avons avant tout, face à nous, une véritable pièce de théâtre.
En s’installant, on observe un fauteuil en velours rouge sur la droite et un code pénal sur la gauche. C’est un bon aperçu de la dualité à laquelle nous allons avoir droit durant le spectacle entre le sacré du tribunal et l’intime du domicile. Mais il se peut que des éléments cachés apparaissent au fur et à mesure du récit. Ils vont surprendre mais je ne vais pas vous les spoiler.
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Le personnage que nous retrouvons devant nous s’appelle Pénélope, comme la compagnie à l’origine de l’oeuvre. Solène Collin me confie que son projet est de créer des pièces avec toujours le même pseudonyme pour le personnage féminin principal : Pénélope.
Pénélope est à la fois avocate et soumise. Nous allons alterner les scènes entre la plaidoirie actuelle devant le juge et des moments passés où elle exécute les ordres de son maître.
Il y a d’ailleurs une phrase assez drôle à ce sujet avec des jeux de mots sur le thème de maître pour désigner l’avocate mais aussi pour désigner la personne qui la soumet à ses plaisirs.
Le thème principal du show est le BDSM. Souvent résumé en un mot explicite pour ceux qui le connaissent, il est en fait composé de 4 mots ce que rappelle l’avocate : Bondage, Domination, Soumission, Masochisme. Et d’ajouter « il ne peut y avoir de dominant sans soumise et inversement ».
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Durant tout le procès, Pénélope interroge l’auditoire : est-il possible pour l’esprit humain d’accepter que des conditions considérées comme dégradantes puissent être une source de plaisir pour certain(e)s ?
Une relation de dominant / soumise mais seule sur scène. D’un point de vue logistique, Plaidoirie d’une soumise ne présente que Pénélope face à nous mais les haut-parleurs diffusent des enregistrements laissant penser que son dominant est avec nous. Sans grande surprise, il l’invite entre autres à se déshabiller pour diverses raisons.
Objet bien connu de la scène BDSM, le fouet sera évidemment à l’honneur. Mais personne ne fouettera la comédienne. Un intéressant jeu de son, projections et cris de douleurs/plaisirs feront office de reconstitution pour les spectateurs. Pénélope supplie son tortionnaire d’arrêter « s’il-vous-plaît, je n’en peux plus » et autres éléments équivalents. Mais son dominant lui rappelle la sacro-sainte règle du BDSM : le safe word. En l’occurrence ici il est plutôt simple et efficace : « STOP ». Si ce terme est prononcé, alors le jeu de rôle dominant/soumis cesse immédiatement.
Durant ce passage, les spectateurs les plus attentifs ont pu constater qu’avant cette scène de fouet, Solène avait le corps relativement lisse avant d’apparaître quelque peu griffée sur scène pour une meilleure immersion.
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En tant qu’avocate au barreau, Pénélope fait usage d’une grande éloquence typique des espaces de tribunaux et une voix porteuse. En tant que soumise, sa voix s’amenuise et ses propos principaux sont bien souvent « oui maître ».
Après la pièce
Solène Collin n’a qu’une volonté ici : mettre en avant la liberté de la femme. L’audience s’en doute mais la comédienne est aussi soumise à un dominant. Il apparaît cependant que la voix off que nous entendons durant la pièce n’est pas celle d’un partenaire de jeu.
Une fois la pièce terminée, Pénélope s’efface et Solène se présente au public avec qui elle échange. Parmi les éléments partagés j’en ai retenu deux. Le premier, et non des moindres, est que Plaidoirie d’une soumise jouit d’une petite popularité qui devrait permettre à la pièce de théâtre de débarquer au prochain off du festival d’Avignon.
La seconde est la volonté de Solène Collin d’adapter l’histoire de Jacqueline Sauvage sur les planches. Attention pas de désir d’en faire un contenu érotique. Il y aurait le même schéma d’alternance entre scènes de tribunal et moments de vie passés.
De mon côté, je recommande chaudement le visionnage de Plaidoirie d’une soumise. La pièce est très bien interprétée, jouit de décors et accessoires et est un bon premier pas vers l’univers du BDSM et la découverte de ses codes.
Actuellement, toutes les séances sont complètes. Mais vous pouvez surveiller les disponibilités du show sur Billet Réduc’ et suivre la compagnie sur Instagram.
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